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Au cœur de la famille

juin 2018

S’occuper de ses parents vieillissants est devenu une activité très courante. Tant qu’ils sont en bonne santé c’est plutôt gratifiant, mais quand arrive une pathologie ou un problème d’autonomie, on découvre que l’on n’est pas préparé.

S’occuper d’une personne âgée est chronophage et empiète sur la vie conjugale, familiale et professionnelle. C’est souvent autour de l’âge de la prise de retraite, qui soulève déjà des questions existentielles (à quoi je sers ? que vais-je faire de cette vacuité ?…) que l’état de santé d’un parent devient préoccupant.

La répartition des tâches entre frères et sœurs est souvent inégale et peut amener des discordes. L’un d’entre eux, souvent l’une d’entre eux, s’investit beaucoup, a tendance à en faire trop en pensant ne pas pouvoir faire autrement. Les autres s’en accommodent ou se révoltent. Ce qui se joue entre les frères et sœurs qui sont proches géographiquement et ceux qui sont loin n’est pas anodin, les injustices ressenties dans le passé remontent à la surface, les justifications abondent, la culpabilité ou la culpabilisation vont bon train…

L’idée d’accompagner ses parents semble normale, mais apporte aussi des remous émotionnels. Pour certains cela représente une souffrance. D’abord parce qu’il s’agit de ses propres parents, et devoir accepter qu’ils deviennent vulnérables n’est pas évident.

L’aide apportée à des parents vieillissants peut durer longtemps, et être lourde à gérer puisque l’évolution va vers une plus grande dépendance. On a peur que la situation s’éternise. Des sentiments contradictoires s’entrechoquent : tendresse, impatience, compassion, rejet. Ces sentiments ambivalents expriment nos propres angoisses face au vieillissement.

En prenant le rôle de soutien on espère que son parent va changer et l’on est souvent déçu. Il en faut de l’ouverture du cœur pour laisser glisser les exigences ou les remarques désagréables de votre père qui ne s’est pas adouci, les absences de votre mère… Selon comment vous prenez les choses, les tracas, les petites phrases acerbes… vous risquez de vous user. Rester sensible ne veut pas dire se laisser toucher par tout, comme l’enfant que vous étiez. Ne confondons pas le passé et le présent. Les parents de notre enfance ne sont pas ceux d’aujourd’hui, alors veillons à ne pas régler nos comptes avec eux.

Prendre soin de ses parents n’est pas seulement éprouvant, ce peut être un formidable enrichissement.

Poser des questions sur notre enfance, ou les faire parler de leur enfance et jeunesse peut permettre un temps d’échanges privilégiés. Coiffer ou prodiguer certains soins de beauté à sa mère peut devenir un moment restaurateur pour la fille comme pour la mère.

Partager cette expérience généreuse peut être l’occasion de se rapprocher de ses frères et sœurs. Prendre soin de ses parents permet aussi d’apprivoiser notre propre vieillissement, et nous offre l’opportunité de nous réconcilier. Il n’est jamais trop tard pour leur dire « je t’aime », même si on ne l’a jamais fait, et les aider à vieillir sereinement.

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